Petit sapin
C’était le début de l’hiver, le temps de couper les sapins était venu dans la petite forêt. Chacun sa destinée : les plus grands orneront les plus belles places des plus grandes villes, les moins grands habriteront les cadeaux des enfants dans la chaleur des foyers. Le plus grand sapin mesurait 50 mètres. Il fallut plusieurs hommes pour le sortir de terre sans le blesser. Pour lui, direction New York, la ville aux millions de lumières et aux milliers d’enfants chantant Noël.
Les autres sapins étaient plutôt tristes de voir partir leur aîné, ses histoires allaient leur manquer. Mais ils savaient qu’eux aussi allaient un jour quitter cette forêt, et apporter de la magie de Noël quelque part.
Lorsque la neige se mettait à tomber, les plus grands sapins étendaient leurs grandes branches pour essayer de protéger les plus petits. Parmi ces derniers, un jeune sapin âgé de 2 ans, mesurant 90 centimètres, était plutôt bien protégé. Il poussait à côté d’un conifère bien plus âgé et bien plus grand que lui. La neige ne l’atteignait donc que très peu. Pourtant, il grelottait dans ce froid glacial. Et chaque nuit, il rêvait à la chaleur d’un feu de cheminée. Mais ce rêve était souvent interrompu par un gros tas de neige qui s’abattait sur ses petites branches.
Ce matin-là, ce qui réveilla notre petit sapin, mais un immense vacarme de tronçonneuses, de grues, et de camions. L’heure de la coupe était arrivée. Les premiers sapins retirés furent les plus gros. Parmi ceux-ci, le protecteur de notre sapin fut emmené à son tour. La récompense pour avoir protégé son jeune ami ? La magie d’un marché de Noël, en Alsace. Mais pour notre jeune sapin, il n’y avait plus personne pour le protéger de la neige. Toute la journée, il vit les bûcherons à l’œuvre. Mais une fois la nuit tombée, il était toujours là, exposé au grand froid et au vent glacial.
Le lendemain matin, les bûcherons revinrent. L’un d’eux s’approcha de notre ami le sapin, et attacha à son pied une sorte de bracelet en papier. Il allait enfin être emmené à son tour ! Ce bracelet, c’est le passeport pour un Noël dans une belle maison, au pied d’une cheminée, comme il en rêvait ! La joie revint dans son petit cœur. Il se voyait déjà, couvert de boules et de guirlandes, entouré d’enfants partageant la joie de Noël.
D’autres hommes s’approchèrent alors, armés de pelles. Ils commencèrent à creuser tout autour de lui. Il a soudain senti ses racines se détacher, il ne touchait plus terre. Il fut alors entreposé dans un camion au milieu de ses congénères. Tout au long du chemin, il admirait le paysage : de belles prairies et de belles maisons toutes blanches.
Au bout du chemin, on entreposa les sapins sur un trottoir. Notre sapin avait compris que c’était là qu’il allait être choisi. Ainsi, tel son protecteur le protégeant du froid, il déploya ses plus belles branches, et se tint droit comme un I. Il était le plus beau sapin de tous !
Soudain, deux enfants s’approchèrent de notre sapin. Ils s’exclamèrent : « comme il est beau ! » puis partirent en courant. Ils revirent ensuite avec leurs parents. Notre sapin venait d’être choisi !
C’est ainsi que dans la nuit de Noël, décoré comme il en rêvait, il vit un vieux monsieur habillé en rouge vint déposer à son pied quelques paquets. « Il est drôlement beau, ce sapin ! », dit le monsieur avant de partir.